REVENDICATIONS ANTISEXISTES
[Copiécollé chez Crêpe Georgette, après avoir été invitée à y jeter un œil par le site Zone Zéro Gêne]
"Le sexisme est la discrimination d’un sexe sur l’autre. Le féminisme
veut que cessent les discriminations à l’égard des femmes et, les études
féministes s’orientant de plus en plus vers l’antisexisme, nous avons
été amenés à étudier également les discriminations subies par les
hommes, car elles découlent du même principe.
En matière de sexisme, l’essentialisme repose sur l’idée que la sexuation des humains devrait se traduire par une différence de statut et de traitement entre deux classes de sexe, avec en arrière-plan l’idée d’une complémentarité dans la différence qui trouverait sa pleine actualisation dans le couple hétéronormé.
Nous rejetons l’essentialisme, en ce qu’il :
- constitue le noyau dur du système sexiste contre lequel nous luttons
- nie l’existence des personnes intersexuées et transgenres
- freine la liberté des individus à concevoir leur identité en dehors de cadres sexués normatifs
NB : Certains points, comme le fait de supprimer le sexe de tout document officiel sont partagés par peu de personnes.
Diffusez donc sans mettre ce point là s’il vous gêne.
Pour une fois - et je parle surtout pour les militantes féministes -
tâchons de nous concentrer sur ce qui rassemble et pas sur des querelles
internes.
Les principales revendications féministes sont les suivantes :
LUTTE CONTRE L’ESSENTIALISME ET LES STEREOTYPES DE GENRE
- Lutter contre les stéréotypes de genre dans l’éducation, l’enseignement, les médias, les jouets.
- Mise en place de campagnes pour valoriser le partage des tâches ménagères.
- Les échographies doivent juste servir à détecter d’éventuelles
maladies et non plus le sexe de l’enfant ; sa connaissance favorisant
l’essentialisme.
LOIS
- Promulgation d’une loi anti-sexiste équivalente à la loi anti-raciste
- Le terme de proxénétisme doit être redéfini afin de ne pas y inclure
les éventuels compagnons et compagnes d’une personne prostituée. Les
peines contre le proxénétisme doivent être renforcées et les crimes
supplémentaires que peuvent commettre les proxénètes (coups et
blessures, viols …) doivent être jugés séparément.
DEPÉNALISATION
- Abrogation des lois pénalisant le travestissement (dont le port du pantalon pour les femmes).
- Abrogation des lois sur le racolage passif et actif.
TRAVAIL
- Égalité stricte des salaires avec obligation pour les entreprises
de rendre public un bilan détaillant les salaires, les promotions et les
formations par sexe.
- Concernant l’égalité salariale, une femme estimant être victime de
sexisme pourrait demander au tribunal qu’il examine un compte rendu des
salaires lequel pourrait être utilisé comme preuve du caractère sexiste
de la discrimination ; de même, qu’une personne s’estimant victime de
racisme, d’âgisme, etc.
- Suppression de l’interdiction empêchant les femmes d’exercer certaines professions (dans l’armée par exemple).
- Application des mêmes critères de recrutement en ce qui concerne les
hommes et les femmes (ex : épreuves sportives pour certains corps de
métier).
ÉDUCATION
- L’éducation doit être identique pour les filles et les garçons et
doit promouvoir l’épanouissement de l’enfant indépendamment de son sexe.
- les professions en rapport avec l’enfance doivent être formées au concept d’anti sexisme.
- L’éducation scolaire doit promouvoir le rôle des femmes dans l’Histoire et la littérature.
- Les images dans les manuels scolaires montrant les femmes sous un
aspect dévalorisant ou entretenant un stéréotype sexiste doivent être
supprimées ; sauf dans les cours d’Histoire où ces stéréotypes peuvent
être utiles à l’étude de l’Histoire (comme on peut montrer des
caricatures de juifs des années 30 pour illustrer l’antisémitisme).
- L’éducation sexuelle doit devenir obligatoire dés le collège et
enseignée par des professionnels, des associations, des médecins et des
psychologues.
- Cette éducation sexuelle doit être une éducation sexuelle non
hétéronormée. Elle doit également traiter à égalité des diverses
orientations et pratiques sexuelles, sans chercher à les hiérarchiser au
motif d’un jugement moral, religieux ou d’une analyse visant à
démontrer un supposé caractère pathologique.
CORPS
- Interdiction de toute forme de mutilation sexuelle sur les mineurs :
excision, infibulation, circoncision, réassignation sexuelle d’enfants
intersexués.
- De campagnes de sensibilisation et des sanctions adéquates doivent
être mises en place pour assurer l’effectivité de cette interdiction.
- Les techniques permettant de reconstruire les organes sexuels des
femmes excisées et des intersexués mutilés doivent être remboursées par
la sécurité sociale.
SEXUALITÉ
- Chaque être humain doit avoir le droit de choisir et de pratiquer
la sexualité qui lui convient, dans le respect de la sexualité et du
consentement d’autrui, toute sexualité entre adultes consentants
relevant strictement du domaine de la vie privée.
- Tout acte de discrimination sexiste, en parole, écrit ou acte, visant à
limiter l’exercice librement consenti de sa sexualité, soit directement
(contrainte ou interdiction) soit indirectement (doctrine prônant ou
valorisant la virginité, l’abstinence hors mariage par obligation morale
ou religieuse) doit être considéré/condamné a minima comme incitation
au sexisme et entrave au droit à la liberté de choix sexuel.
- Commettre un acte attentatoire à une personne (violence,
séquestration, meurtre, “crimes d’honneur”…) au motif du non respect
d’une obligation morale, religieuse ou sociale limitant le droit à la
sexualité (”perte de virginité”, relation hors mariage, relation entre
personnes de confession religieuse différente …) doit relever pénalement
du délit ou crime commis avec circonstances aggravantes par la nature
sexiste de l’acte.
- La virginité relève de la vie privée et de l’intimité de chaque
personne. La virginité, en particulier des femmes, n’a pas à être promue
comme idéal ; sa perte ne peut en aucun cas être condamnée.
CONTRACEPTION
- Les différents moyens de contraception doivent être intégralement
remboursés et toute forme de préservatifs (condom, diaphragme et digue
dentaire) doit être gratuite.
- Des moyens doivent être mis en œuvre pour le développement des
méthodes contraceptives masculines comme la pilule contraceptive
masculine.
INTERRUPTION VOLONTAIRE DE GROSSESSE
- L’IVG doit être un droit pour toute femme enceinte.
- L’IVG doit être autorisée aux femmes étrangères même si elles ne sont pas en règle.
- Le nombre de lits disponibles en hôpital doit être augmenté afin que toute femme puisse avorter quand elle le souhaite.
- Le délai de réflexion de 7 jours précédant une IVG doit être supprimé.
MALADIES
- Renforcer la lutte contre les maladies sexuellement transmissibles
par des campagnes continues de sensibilisation insistant sur la
responsabilité des deux partenaires quant aux rapports protégés.
- le préservatif féminin doit être promu et mis en avant dans la publicité pour la protection contre les MST.
- Les tests jugeant de la fiabilité d’un médicament doivent être
pratiqués sur des groupes d’hommes et de femmes ; ce qui n’est pas fait
aujourd’hui. De nombreux médicaments sont donc inadaptés aux femmes.
- La gynécologie médicale doit être revalorisée afin que les femmes
n’aient pas à s’adresser à leur médecin généraliste, non spécialisé.
LANGAGE
- Mettre en place un comité de linguistes afin de neutraliser le
langage et d’en faire le langage officiel obligatoire dans
l’administration, sur le lieu de travail et à apprendre dans les écoles.
- OU féminisation des noms de métier. (* les deux idées font débat dans la communauté féministe francophone).
- supprimer sur le plan légal les notions de père et de mère pour les
remplacer par “parents”, ceux-ci étant définis comme “personnes ayant un
projet parental”, sans discrimination de sexe ou d’orientation
sexuelle.
- Supprimer dans le langage toute référence à l’état de
“disponibilité/indisponibilité sexuelle ou affective” des femmes. Cette
suppression passe par l’interdiction dans tout document administratif et
officiel de l’usage des termes “mademoiselle”, “nom de jeune fille”,
“née X” …
- Suppression des termes “monsieur” et “madame” dans les documents administratifs ; les prénoms et le nom suffisent.
- Supprimer l’appellation “école maternelle” pour la remplacer par “école préélémentaire”
- Suppression de la mention du sexe à l’état civil ; le sexe
n’apparaîtrait plus sur aucun document de l’État. Dans la mesure où le
sexe civil est abrogé, le sexe indiqué sur les documents légaux relatifs
à la santé devraient refléter une réalité médicale : sexe masculin,
féminin ou intersexe.
- Suppression du vocable et du statut de “chef de famille” (ou de
“personne de référence”), les adultes d’un “groupe familial” doivent
être traités à égalité.
- Remplacer la notion de “bon père de famille” par “personne citoyenne et responsable” (Belgique).
VIOLENCES CONJUGALES
- Créer des maisons d’accueil et d’hébergement dans chaque préfecture et sous-préfecture.
- Toute personne victime de violence conjugale doit pouvoir conserver le domicile conjugal.
- Prise en compte et poursuites de toute plainte pour violence conjugale.
- Mise en place de service d’aide aux victimes et aux auteurs de violence.
VIOL
- La loi définissant le viol contre des personnes adultes doit inclure la notion de non-consentement.
- Suppression de la notion de pénétration (différence non justifiée entre viol et agression sexuelle).
- suppression de “l’enquête de moralité” sur les victimes de viol.
FAMILLE
- Remplacement du mariage par un “partenariat enregistré” ne
reprenant que les aspects économiques du mariage, en ne tenant plus
compte des aspects de la vie privée comme “fidélité” et obligation de
vie commune.
- Interdiction des “unions forcées” (”mariages forcés”) et sanction effective des personnes ayant organisé une union forcée.
- Le sexe des contractants n’entrant pas en ligne de compte, le
partenariat enregistré serait accessible tant aux couples homosexuels
qu’aux couples hétérosexuels.
- Remplacer les congés dits de maternité et de paternité par un “congé
parental” égal pour tous ; le congé médical suivant l’accouchement
n’étant pas inclus dans le congé parental, il s’additionne à ce dernier.
- Le nombre de places dans les crèches doit être augmenté et être égal au nombre de demandes.
- Modification des disposition relatives à la filiation pour rendre
celle-ci égalitaire pour les deux parents (notamment supprimer la loi
décrétant automatiquement parent la femme qui accouche, ceci afin de
supprimer la différence de traitement entre “maternité naturelle” et
“paternité légale”).
- Autorisation d’adoption pour tous les couples, quel que soit le sexe des parents
- Généralisation de la garde alternée en cas de désunion des parents
ÉTRANGERS
- Donner le statut de réfugiée politique à toute personne victime de
violences sexistes dans son pays ; cela vaut donc pour toutes les
prostitué-e-s clandestin-e-s.
- Organiser des cours gratuits de langue et de fonctionnement de l’Etat à
toute personne étrangère s’installant dans le pays, y compris dans le
cadre du regroupement familial, afin de permettre aux personnes
nouvellement arrivées (et en particulier aux femmes) d’être le plus
rapidement possible autonomes.
- Renforcer la lutte contre les réseaux internationaux de traite des
êtres humains, en particulier dans le cadre de la prostitution et de
l’esclavage domestique."
Tant qu'on y est, on signalera au passage que dans le cadre des 40 ans du MLF, le Collectif national pour les Droits des Femmes organise un colloque intitulé "Faire et écrire l'histoire : Féminisme et lutte des classes de 1970 à nos jours".
Ce colloque se tiendra à Paris, le samedi 25 septembre (demain, quoi), dans la Salle des Fêtes de la Mairie, de 9 heures à 18 heures 30.