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LES DIX SEPT MILLIONS... et les autres. Rencontres, Idées et Actions pour sauvegarder la Démocratie.
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8 août 2008

Chronique d'une rafle ordinaire

SOURCE : A l'école des sans-papiers

«Le ciel est gris sur Pau en cette aube du jeudi 7 août. La famille Sylejmani, qui a dû fuir le Kosovo en mars 2007, a passé la soirée avec des amis albanophones. Elle est convoquée le 25 septembre devant la commission nationale du droit d'asile, à Montreuil. Afrim et Kirimane espèrent y obtenir l'asile. Anisa, 10 ans, la fille de leurs amis, qui s'était endormie, est restée dormir chez eux.

Anisa, son petit frère et ses parents viennent de passer plusieurs jours au centre de rétention administrative d'Hendaye avant d'être délivrés par un jugement du tribunal d'appel de Pau. Le frère et la sœur ont été les premiers enfants à y être enfermés. Gajik, le petit frère, y a «fêté» ses 5 ans...
Les parents restent traumatisés par leur arrestation à l'aube et leur séjour à Hendaye. Ils sont contents que leur fille dorme ailleurs que chez eux.

6 heures. Des coups violents retentissent à la porte du logement de la famille Sylejmani. «Police, ouvrez!»
Ils n'ouvrent pas et appellent une amie de leur comité de soutien au téléphone. Ils sont terrorisés.
Le temps que leur amie arrive et ait prévenu les militants de RESF 64, un serrurier appelé par la police a ouvert la porte et elle voit la police, nombreuse,  embarquer six personnes ! Deux adultes et quatre enfants. Parmi eux, Alma, 10 ans, Drenusha, 8 ans et Albin, 5 ans dans quelques jours, élèves de l'école Gaston-Phoebus de Pau. Qui est la quatrième enfant ?

8 heures. Les militants de RESF 64 se présentent devant le siège de la police aux frontières, à Billère, dans la banlieue de Pau, accompagnés du maire de la ville qui a participé, le 4 juillet, à la mairie de Pau, à la cérémonie de parrainage d'enfants de familles étrangères en situation irrégulière.
On leur dit que la famille n'est pas là. Les recherches commencent dans les centres de rétention d'Hendaye et Cornebarrieu. Elles restent vaines. L'avocat, prévenu, n'en sait pas davantage.

11 heures. La famille de la petite fille embarquée avec la famille Sylejmani est terrorisée. Elle se demande ce que va devenir leur enfant. Des négociations s'engagent avec l'aide de Joseph Gatelier, prêtre de la paroisse du Hameau à Pau. Il est convenu qu'il peut venir récupérer l'enfant à Billère. Bien qu'effrayée à l'idée de retrouver les locaux où sa famille a été gardée à vue avant d'être expédiée à Hendaye, la mère l'accompagne et retrouve sa petite fille.

11 heures. Au moment même où la PAF et la préfecture disent ne rien savoir de qui se passe, la famille Sylejmani est embarquée dans un petit avion, accompagnée de cinq policiers (!), directement vers Pristina. Qui parle de déficit budgétaire ? Afrim garde les mains liées pendant tout le voyage, comme s'il avait pu s'évader de ce petit avion !

12 heures. Un fonctionnaire de ce qui a été les renseignements généraux appelle une militante de RESF 64 pour lui demander s'il y avait «un risque de manifestation» devant la préfecture. La camarade apprend ainsi incidemment que la famille est en voie d'expulsion.

16 heures.
La mère de famille, Kirimane, appelle une amie du comité de soutien et lui annonce qu'ils viennent de débarquer à Pristina, au Kosovo.

17 heures.
Toute la presse locale, écrite, radio et télé assiste à la conférence de presse donnée à la mairie de Billère par le comité de soutien, RESF 64 et les élus qui ont parrainé les enfants le 4 juillet. Parmi eux, le maire de Billère, la maire de Pau, le conseiller municipal communiste de la maire de Pau, par ailleurs second de Marie-Georges Buffet, la conseillère générale du canton de Pau-sud.

L'indignation devant les conséquences de cette politique du chiffre et le mépris de la volonté d'intégration de cette famille, son désir de travailler et de faire étudier ses enfants, est le sentiment dominant ce 7 août au soir à Pau. Plus une volonté confirmée de tenter de continuer à venir en aide à cette famille et à renforcer la vigilance pour les autres familles menacées. Peut-on s'habituer à un «ordinaire» inacceptable?

• Jean-Jacques Le Masson (RESF-64) •»

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