Laïcité : l’école et les enfants d’abord !
Source du texte: Histoires de Mémoire
salle des mariages 6, place Gambetta 75020 Paris Métro : Gambetta (ligne 3) Avec le soutien des Entretiens laïques du XXème Réservation obligatoire auprès de Frédéric : 01.45.08.08.08 Laïcité : l’école et les enfants d’abord !
En mai dernier, la Haute Autorité de lutte contre les
discriminations et pour l’égalité (Halde) a donné raison à des mères
d’élèves qui s’étaient vu refuser la possibilité d’accompagner des
activités pédagogiques parce qu’elles arboraient un voile islamique. Ne
pas faire la distinction entre les différentes situations où des
parents d’élèves sont en lien avec l’école est une erreur lourde de
conflits, déjà bien présents par endroits. Quand des parents ou d’autres personnes sont autorisés,
par les directions d’école, à participer à l’encadrement d’activités
d’éducation avec des élèves en situation d’apprentissage, ils
deviennent de facto des auxiliaires éducatifs au côté des enseignants
qu’ils accompagnent. Dissocier le professionnel de l’accompagnateur
occasionnel illustre une réelle méconnaissance de notre système
scolaire. Qu’il soit ou non rémunéré ne change rien. Cautionner la présence d’accompagnateurs se
discriminant eux-mêmes par le port de signes distinctifs indiquant un
choix politique et (ou) religieux, c’est oublier la valeur
d’exemplarité de l’adulte aux yeux de l’élève. Depuis plus d’un siècle, la République et son école
exigent des enseignants et des personnels éducatifs un devoir de
réserve et une stricte neutralité, de façon à protéger les enfants de
toute propagande et préserver une liberté de conscience naissante. Comment tolérer que l’école, espace social singulier,
institution fondamentale de la République, soit l’objet de pressions
politico-religieuses ? Lieu premier d’apprentissage du « vivre ensemble »,
l’école peut-elle cautionner le principe rétrograde du marquage du
corps féminin, objet supposé de convoitise devant être caché ? Comment concilier les valeurs qui permettent la
cohésion sociétale avec l’affichage ostensible de codes vestimentaires
qui clament, plus qu’un discours, le contraire de l’égalité
femmes-hommes, principe constitutionnel ? La Halde prétend trancher sur les croyances intimes et, de fait, banalise des rituels controversés. Il faut réaffirmer avec force que, dans notre
démocratie laïque, il n’existe pas de droits spécifiques en fonction
d’une appartenance ethnique ou religieuse. L’obéissance à des rites
religieux, imposés ou choisis, ne peut autoriser le non-respect des
lois et règles communes de la République. Confusion encore, la Halde semble ignorer les règles
régissant le service public d’éducation. Pour justifier sa délibération
en faveur des mères voilées comme parents accompagnateurs, elle cite
une jurisprudence concernant l’application du principe de laïcité en
milieu pénitentiaire. L’amalgame entre école et prison, entre écoliers
et adultes incarcérés est surprenante, et l’ignorance des règles
spécifiques concernant la laïcité dans les milieux fermés (prison,
militaires en mission, etc.), stupéfiante. Pourtant, la circulaire d’application de la loi de mars
2004 sur les signes religieux dans l’espace scolaire, publiée au
Bulletin officiel de l’éducation nationale (2004-084), est claire :
elle exclut explicitement toute manifestation d’appartenance religieuse
par « les agents contribuant au service public de l’éducation, quels
que soient leur fonction et leur statut ». Une brèche a été ouverte dans laquelle, demain,
d’autres formes d’obscurantisme pourront s’engouffrer. Cette prise de
position ne respecte pas les millions de parents, de toutes origines,
qui voient dans notre système scolaire l’outil essentiel d’élaboration
d’une pensée autonome en accord avec la démocratie et les droits de
l’homme. Pas plus qu’elle ne respecte les élèves en permettant
la diffusion d’une image des femmes contraire aux idéaux universels
d’égalité et de liberté. Rappelons que la Halde, instance mise en place
pour informer les personnes s’estimant discriminées sur le territoire
de la République, émet des recommandations et les rend publiques. Mais elle n’a ni autorité sur les citoyens ni agrément pour se substituer au pouvoir juridictionnel. Nous demandons au ministre de l’Education nationale
comme à l’ensemble des parlementaires, notamment ceux qui ont voté la
loi du 15 mars 2004, loi d’apaisement et de concorde, de veiller au
strict respect des principes de laïcité et de neutralité pour toute
personne participant à l’encadrement d’activités scolaires dans le
service public.
Les premières associations, dont la notre, ayant signé ce texte : Licra, Grand Orient de France, Ni putes ni soumises,
SOS Racisme, Comité Laïcité République, Confédération étudiante,
Coordination française pour le lobby européen des femmes (Clef),
Commission contre les extrémismes religieux, Migrations et cultures de
Turquie (Elele), Histoires de mémoire, Laïcité Ecologie Association,
Mouvement pour l’abolition de la prostitution, de la pornographie et de
toutes formes de violences sexuelles et discriminations sexistes
(Mapp), Regards de femmes, Syndicat de l’inspection de l’éducation
nationale (SIEN-Unsa éducation), Syndicat national des personnels de
direction (SNPDEN-Unsa éducation), Union des familles laïques (Ufal).